FVV – Assemblée générale 2025 – Mot du directeur
Chers musiciennes et musiciens,
Parmi les divers troubles et affections liés à l’âge, il en est un largement ignoré du grand public, et même bien souvent des spécialistes. Arthrose, presbytie, Parkinson, Alzheimer ou encore cataracte sont bien connus de chacun.
Mais trop peu de chercheurs se penchent sur un syndrome régressif qui fait pourtant des ravages, notamment parmi les consommateurs assidus de télévision et de presse subventionnée, à savoir le TPR, ou trouble pédiatrique rétrograde, lequel conduit certains à retrouver progressivement leur enfance.
Bien que, sous sa forme avancée, un de ses symptômes les plus marquants soit une sorte de béatitude, cet état apparemment désirable est plutôt mal perçu par l’entourage, qui le résume généralement ainsi : « ne faites pas attention ; il est gâteux ! ».
Hélas peu étudié, ce trouble a néanmoins bénéficié récemment de quelque découverte décisive, et les médecins ont notamment réussi à isoler une substance qui permet de retarder, voire d’empêcher l’apparition de la maladie.
Elle se présente sous diverses formes, genres ou styles, qui contiennent un puissant principe actif, que les experts ont baptisé musicaline, dès lors qu’il est manifestement produit par l’exercice régulier d’une activité musicale.
On le rencontre sous sa forme la plus concentrée dans la musique populaire, et en particulier dans la musique à vents. La recherche n’en est encore qu’à ses balbutiements, mais les premiers résultats sont encourageants, et permettent d’ores et déjà de constater que son accoutumance ne présente pas d’inconvénients, et qu’une consommation massive est même recommandable.
Etonnamment, ses bienfaits paraissent s’étendre également au public, mais sous une forme atténuée ; rien ne semble pouvoir remplacer la pratique, surtout collective.
De nombreux essais cliniques soulignent que les personnes traitées à la musicaline présentent des comportements décrits sous forme de camaraderie, bonne humeur, bienveillance et solidarité, largement absents dans le reste de la population.
En 1776, dans son ouvrage intitulé Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, Adam Smith, considéré comme le père de l’économie moderne, affirmait que « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ».
Tirant les conséquences de cette évidence, les pouvoirs publics se sont largement retirés du financement des laboratoires, pour le confier aux intérêts privés, censés disposer de bonnes raisons pour faire avancer les recherches de tout ordre.
L’enfer étant pavé de bonnes intentions, la première conséquence de celle-ci est qu’il est désormais pratiquement impossible de vivre de recherche pure. Il faut que toute découverte rapporte rapidement pour être susceptible d’intéresser les investisseurs.
Or, la production artificielle et industrielle de musicaline ne présente aucun intérêt, puisque l’on peut en disposer gratuitement et en abondance par la simple pratique d’un instrument. Ce manque de retour
sur investissement fait qu’il est très difficile pour nos fanfares de bénéficier de soutiens économiques, malgré leur évidente contribution à la bonne santé publique.
Peu importe ; nous avons la chance de pouvoir produire notre propre musicaline sans modération chaque mardi matin. Et c’est avec une joie sans cesse renouvelée que je constate à quel point, grâce à votre remarquable assiduité, nous réussissons à rester toujours jeunes.
Ainsi, je ne trouve chez aucun d’entre vous les signes qui marquent chez la plupart des gens l’apparition du grand âge, ce qui indique que vous prenez consciencieusement votre pilule hebdomadaire, et je vous en félicite.
Ceci dit, un vrai plaisir n’étant jamais solitaire, il est important que nous fassions preuve d’altruisme en offrant au plus grand nombre, malgré l’exiguïté de notre local, l’opportunité de bénéficier de ce traitement.
Je compte donc sur vous pour inviter tout musicien désireux de goûter à la jeunesse éternelle et aux inépuisables ressources de notre buvette, à nous rejoindre. Vous en connaissez de nombreux, et il suffit juste d’y penser.
Comme vous l’avez remarqué, nous sommes plutôt doués pour l’intégration, et les risques de rejet sont par conséquent très faibles. Il est essentiel de trouver sans cesse de nouveaux producteurs de musicaline pour éviter les ruptures de stock, même si le dépôt est actuellement bien rempli.
Alors profitez des bons moments qui nous attendent pour en faire la promotion et attirer de nouveaux amis dans notre belle fanfare, afin que nous puissions proclamer encore longtemps « longue vie aux Vétérans vaudois ! ».
En vous remerciant pour votre collaboration, je vous souhaite une excellente saison.
M. Forlani